Sophie Caratini
La fille du chasseur

« Est-ce que c’était moi ? Est-ce que vraiment j’ai vécu ça ? Ou est-ce que c’est une autre, ou est-ce que c’est un rêve ? Mon enfance dans le désert, les grandes traversées avec le Groupe Nomade, mon gavage, mes mariages avec... Est-ce que ça a existé ? C’est tellement loin de moi. Et puis si c’était vraiment moi, qui suis-je maintenant ? » La voix de Mariem s’élève du pays au million de poètes, de ce désert mauritanien où le vent de sable efface toutes les traces, et voue la vie des hommes à l’oubli.
Portés par sa parole magistralement mise en scène par Sophie Caratini, nous traversons le miroir du mythe pour atteindre à la vérité d’une femme et découvrir un monde saharien, bédouin, que le choc colonial va totalement bouleverser. Avec Mariem, reprennent sens des savoirs perdus, d’autres manières d’être. Grâce à elle, nous accédons à la forme de vie et aux métamorphoses intérieures de tout un peuple.
Sélection Prix des Romancières 2012
Sélection Prix Littéraire de l'Armée de l'air 2012
Sélection Prix Pierre Loti 2012
Portés par sa parole magistralement mise en scène par Sophie Caratini, nous traversons le miroir du mythe pour atteindre à la vérité d’une femme et découvrir un monde saharien, bédouin, que le choc colonial va totalement bouleverser. Avec Mariem, reprennent sens des savoirs perdus, d’autres manières d’être. Grâce à elle, nous accédons à la forme de vie et aux métamorphoses intérieures de tout un peuple.
Sélection Prix des Romancières 2012
Sélection Prix Littéraire de l'Armée de l'air 2012
Sélection Prix Pierre Loti 2012


Récit
22,30 €, 360 p.
ISBN : 978-2-36280-000-9
Format : 140/205 mm
Parution : 24 mars 2011
Disponible en Ebook (13,99 €)
ISBN : 978-2-36280-000-9
Format : 140/205 mm
Parution : 24 mars 2011
Disponible en Ebook (13,99 €)
Où l'acheter
Traduction
Du même auteur
Sophie Caratini
Les sept cercles |
D'autres récits
Michel Winock
Journal politique |
Lucas Menget
Lettres de Bagdad |
Nathalie Heinich
Maisons perdues |
On en parle
« J’ai été enthousiasmée »
Françoise Héritier |
« Dès les premières lignes, impossible de le lâcher » - Blog de Mango
|
L'auteur

Sophie Caratini est anthropologue et écrivain. Elle est spécialiste des nomades et ses travaux portent sur la Mauritanie et le Sahara Occidental. Après avoir dirigé le département d’Ethnologie du Musée de l’Institut du Monde Arabe de Paris, elle est entrée au CNRS, où elle est directrice de recherche. Elle partage désormais son temps entre le désert et l'écriture d’une saga coloniale qui met en scène la rencontre des cultures maure, peule et française.
La fille du chasseur est le premier volume de cette fresque historique aux éditions Thierry Marchaisse, qui en publieront l'intégralité.
Deuxième volume : Les sept cercles
La fille du chasseur est le premier volume de cette fresque historique aux éditions Thierry Marchaisse, qui en publieront l'intégralité.
Deuxième volume : Les sept cercles
Le livre
La fille du chasseur raconte le destin extraordinaire d’une jeune fille maure, née dans une tribu de chasseurs-cueilleurs de Mauritanie à la fin des années 1930 et qui vit aujourd’hui à Paris.
De Tichit, à l’Est de la Mauritanie, à Dakar où Mariem suit son mari français, ce récit nous fait partager le sort des femmes bédouines, leur gavage dès six ans, les mariages forcés, l’apprentissage des savoirs du désert et nous donne à comprendre ce mélange de violence et de tendresse propre à la civilisation nomade. Il nous permet aussi de mesurer en profondeur les transformations provoquées par la colonisation, si particulière dans les régions désertiques, et leur impact sur la vie et la sensibilité des individus.
La fille du chasseur bouscule bien des idées reçues sur les femmes, les nomades, l’époque coloniale, on y découvre la modernité étonnante d’une femme hors du commun, placée par la vie à l’articulation des cultures, et qui a fait le choix de vivre, comme elle le dit elle-même, « autre chose ».
De Tichit, à l’Est de la Mauritanie, à Dakar où Mariem suit son mari français, ce récit nous fait partager le sort des femmes bédouines, leur gavage dès six ans, les mariages forcés, l’apprentissage des savoirs du désert et nous donne à comprendre ce mélange de violence et de tendresse propre à la civilisation nomade. Il nous permet aussi de mesurer en profondeur les transformations provoquées par la colonisation, si particulière dans les régions désertiques, et leur impact sur la vie et la sensibilité des individus.
La fille du chasseur bouscule bien des idées reçues sur les femmes, les nomades, l’époque coloniale, on y découvre la modernité étonnante d’une femme hors du commun, placée par la vie à l’articulation des cultures, et qui a fait le choix de vivre, comme elle le dit elle-même, « autre chose ».
Françoise Héritier en parle : « j’ai été enthousiasmée et saisie... »
« De manière différente que pour l'histoire du lieutenant du Boucher, j’ai été enthousiasmée et saisie devant la véracité et “l’épaisseur” anthropologique mais aussi psychologique du personnage de Mariem et de l’histoire de sa vie, qui est celle de son peuple. Je pense qu’un lecteur non ethnologue peut saisir, dans ce récit et grâce à votre écriture (l’histoire du pyjama du frère, par exemple), l’importance de ce qui fait une culture partagée.
Soyez assurée que je lirai le prochain volume annoncé avec la même délectation. »
Françoise Héritier, 7 aout 2011
Soyez assurée que je lirai le prochain volume annoncé avec la même délectation. »
Françoise Héritier, 7 aout 2011
La forme
Dans la lignée de l'anthropologue Oscar Lewis, dont Les enfants de Sanchez a été un succès international, Sophie Caratini a pris un parti littéraire radical, celui de transposer à la première personne des années d’entretiens avec Mariem, qu'elle a savamment orchestrés. Cette forme littéraire qui mêle subtilement autobiographie et dialogue nous ouvre à l’univers nomade et nous y entraîne. Une femme du désert s’adresse directement à nous, qui devenons ainsi ses interlocuteurs et compagnons médusés.
L'auteur en parle
« En ces temps de crispations à l’encontre des Français « d’origine étrangère », de débats sur l’islam en France et autres sujets conflictuels relatifs à « l’immigration », le récit de La fille du chasseur vient heureusement nous rappeler que l’humanité recèle des valeurs universelles qui transcendent les cultures.
C’est au moment de la première guerre du golfe, en 1991, alors que la France s’apprêtait à entrer en guerre contre l’Irak aux côtés des Etats-Unis, que Mariem mint Touileb a ressenti ce déchirement intérieur entre sa part d’identité arabe et sa part d’identité française qui l’a poussée à vouloir témoigner. Témoigner du fait que l’on peut être à la fois de langue et de culture française, et de langue et de culture arabe, et que cette double identité est une richesse, tant pour les uns que pour les autres.
S’adressant en français à un double public — français et arabe —, elle démontre d’une manière saisissante, parce qu’intimiste, l’urgence du dialogue entre nos deux mondes. A travers l’évocation de sa jeunesse dans le désert et des évènements qui l’ont poussée à finalement adopter la culture française, elle permet au lecteur de mesurer à la fois la distance et la proximité de nos cultures.
Il suffit, pour le comprendre, de parcourir avec Mariem toutes les étapes du chemin à la fois intérieur et extérieur qui l’ont conduite d’une tribu de chasseurs-cueilleurs saharienne, où elle est née, jusqu’à son intégration, par le mariage, dans le milieu de la grande bourgeoisie provinciale catholique — celle où les enfants vouvoient leurs parents et font des études supérieures (un de ses fils est psychanalyste, un autre Maître de Conférences). Elle qui a donné le jour à de nombreux enfants qui vivent pour les uns en Mauritanie, dans la tradition ou la modernité, et pour les autres en France ou en alternance entre les deux pays, est bien la manifestation vivante d’une synthèse possible du lointain et du proche, de l’islam et de la chrétienté, de l’arabité et de l’européanité qu’on veut absolument nous présenter comme incompatibles. »
C’est au moment de la première guerre du golfe, en 1991, alors que la France s’apprêtait à entrer en guerre contre l’Irak aux côtés des Etats-Unis, que Mariem mint Touileb a ressenti ce déchirement intérieur entre sa part d’identité arabe et sa part d’identité française qui l’a poussée à vouloir témoigner. Témoigner du fait que l’on peut être à la fois de langue et de culture française, et de langue et de culture arabe, et que cette double identité est une richesse, tant pour les uns que pour les autres.
S’adressant en français à un double public — français et arabe —, elle démontre d’une manière saisissante, parce qu’intimiste, l’urgence du dialogue entre nos deux mondes. A travers l’évocation de sa jeunesse dans le désert et des évènements qui l’ont poussée à finalement adopter la culture française, elle permet au lecteur de mesurer à la fois la distance et la proximité de nos cultures.
Il suffit, pour le comprendre, de parcourir avec Mariem toutes les étapes du chemin à la fois intérieur et extérieur qui l’ont conduite d’une tribu de chasseurs-cueilleurs saharienne, où elle est née, jusqu’à son intégration, par le mariage, dans le milieu de la grande bourgeoisie provinciale catholique — celle où les enfants vouvoient leurs parents et font des études supérieures (un de ses fils est psychanalyste, un autre Maître de Conférences). Elle qui a donné le jour à de nombreux enfants qui vivent pour les uns en Mauritanie, dans la tradition ou la modernité, et pour les autres en France ou en alternance entre les deux pays, est bien la manifestation vivante d’une synthèse possible du lointain et du proche, de l’islam et de la chrétienté, de l’arabité et de l’européanité qu’on veut absolument nous présenter comme incompatibles. »
Une trilogie coloniale
La Fille du chasseur constitue le volet maure de la trilogie coloniale de Sophie Caratini.
Cette grande saga, tout à la fois littéraire, anthropologique et historique, ne forme pas une suite chronologique mais une tresse de récits, qui peuvent se lire séparément. S’y croisent les destins de trois personnalités hors normes représentant les cultures qui se sont entrechoquées sur les territoires de l’Ouest saharien. Ainsi mis en perspective, les points de vue maure, peul et français donnent des clés précieuses pour comprendre le choc de la rencontre coloniale et ses répercussions sur ceux qui l’ont vécue, comme sur l’époque actuelle où ne cessent d’affleurer ses effets interminables.
Antinéa mon amour nous fait découvrir la vision des conquérants à travers le témoignage du général Jean du Boucher. Les Sept Cercles, une odyssée noire raconte les tribulations de Moussa Djibi Wagne, un paysan peul de Mauritanie engagé à son corps défendant comme tirailleur sénégalais dans un Groupe Nomade ou « GN ». La Fille du chasseur retrace la vie de Mariem mint Touileb, fille de goumier, née en plein désert à la fin des années trente dans la tribu maure des chasseurs nomades Nmadi.
Les trois récits ont le même foyer narratif : les unités méharistes de l’infanterie de marine qui ont conquis puis contrôlé le territoire septentrional de la Mauritanie entre 1933 et 1960. Mais chacun rayonne bien au-delà du moment colonial qu’il relate. Tous ont également la même structure singulière : un dialogue à une voix, écrit à la première personne. L’auteur, à qui le narrateur ou la narratrice s’adresse, n’y apparaît qu’en creux.
Qu’on ne s’y trompe pas cependant, les personnages sont des personnes et leurs propos, authentiques, résultent d’une transposition littéraire d’entretiens réels effectués sur plusieurs années. En choisissant de s’effacer de la narration et de n’y faire apparaître aucun appareil savant, l’auteur a certes pris le risque de brouiller la frontière entre document et roman, mais c’était là le meilleur moyen de mettre en valeur la force exceptionnelle des paroles ainsi recueillies.
Comme les trois mousquetaires étaient quatre, cette trilogie comportera un quatrième et ultime volume, où l’anthropologue jusque-là silencieuse montera à son tour sur scène, avec armes et bagages scientifiques. Elle y dévoilera les coulisses de cette aventure au long cours et s’attachera à montrer ce que sa triple perspective apporte à l’histoire de la Mauritanie et à la compréhension des effets de la colonisation.
Cette grande saga, tout à la fois littéraire, anthropologique et historique, ne forme pas une suite chronologique mais une tresse de récits, qui peuvent se lire séparément. S’y croisent les destins de trois personnalités hors normes représentant les cultures qui se sont entrechoquées sur les territoires de l’Ouest saharien. Ainsi mis en perspective, les points de vue maure, peul et français donnent des clés précieuses pour comprendre le choc de la rencontre coloniale et ses répercussions sur ceux qui l’ont vécue, comme sur l’époque actuelle où ne cessent d’affleurer ses effets interminables.
Antinéa mon amour nous fait découvrir la vision des conquérants à travers le témoignage du général Jean du Boucher. Les Sept Cercles, une odyssée noire raconte les tribulations de Moussa Djibi Wagne, un paysan peul de Mauritanie engagé à son corps défendant comme tirailleur sénégalais dans un Groupe Nomade ou « GN ». La Fille du chasseur retrace la vie de Mariem mint Touileb, fille de goumier, née en plein désert à la fin des années trente dans la tribu maure des chasseurs nomades Nmadi.
Les trois récits ont le même foyer narratif : les unités méharistes de l’infanterie de marine qui ont conquis puis contrôlé le territoire septentrional de la Mauritanie entre 1933 et 1960. Mais chacun rayonne bien au-delà du moment colonial qu’il relate. Tous ont également la même structure singulière : un dialogue à une voix, écrit à la première personne. L’auteur, à qui le narrateur ou la narratrice s’adresse, n’y apparaît qu’en creux.
Qu’on ne s’y trompe pas cependant, les personnages sont des personnes et leurs propos, authentiques, résultent d’une transposition littéraire d’entretiens réels effectués sur plusieurs années. En choisissant de s’effacer de la narration et de n’y faire apparaître aucun appareil savant, l’auteur a certes pris le risque de brouiller la frontière entre document et roman, mais c’était là le meilleur moyen de mettre en valeur la force exceptionnelle des paroles ainsi recueillies.
Comme les trois mousquetaires étaient quatre, cette trilogie comportera un quatrième et ultime volume, où l’anthropologue jusque-là silencieuse montera à son tour sur scène, avec armes et bagages scientifiques. Elle y dévoilera les coulisses de cette aventure au long cours et s’attachera à montrer ce que sa triple perspective apporte à l’histoire de la Mauritanie et à la compréhension des effets de la colonisation.