Michel Winock
Journal politique
La République gaullienne (1958 - 1981)
La Ve République se met en place, le marxisme bouche l’horizon intellectuel, la guerre d’Algérie semble interminable... Nous sommes en 1958, Michel Winock a 20 ans. "Dévoré par la politique", il s’ennuie en licence de Lettres et décide de devenir historien.
On découvrira dans ses notes quotidiennes un peintre de notre temps, à l’art du trait et du portrait digne de nos moralistes. Un observateur méticuleux des affaires publiques, des médias, des conflits sociaux ou idéologiques. Un conteur né, dont l’ironie s’est faite méthode pour mieux comprendre ses contemporains.
Ce volume où s’enchevêtrent vie politique et vie universitaire, vie de l’édition et vie personnelle s’achève en 1981. Avec la victoire de François Mitterrand à l’élection présidentielle, « un cycle se terminait : la république gaullienne était finie ».
On découvrira dans ses notes quotidiennes un peintre de notre temps, à l’art du trait et du portrait digne de nos moralistes. Un observateur méticuleux des affaires publiques, des médias, des conflits sociaux ou idéologiques. Un conteur né, dont l’ironie s’est faite méthode pour mieux comprendre ses contemporains.
Ce volume où s’enchevêtrent vie politique et vie universitaire, vie de l’édition et vie personnelle s’achève en 1981. Avec la victoire de François Mitterrand à l’élection présidentielle, « un cycle se terminait : la république gaullienne était finie ».
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Récit
25 €, 504 p.
ISBN : 978-2-36280-085-6
Format : 140/205 mm
Parution : 1er octobre 2015
Disponible en Ebook (17,99 €)
ISBN : 978-2-36280-085-6
Format : 140/205 mm
Parution : 1er octobre 2015
Disponible en Ebook (17,99 €)
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L'auteur
Michel Winock est historien, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Institut d’études politiques de Paris. Fondateur de la revue L’Histoire, il a été longtemps éditeur au Seuil.
Auteur de nombreux ouvrages, il a publié notamment, Le Siècle des intellectuels (1997, Prix Médicis essai), Les Voix de la liberté (2001, Prix Roland de Jouvenel de l’Académie française), Jeanne et les siens (2003, Prix Eugène Colas de l’Académie française), Clemenceau (2007, Prix Aujourd’hui), Madame de Staël (2010, Prix Goncourt de la biographie et Grand prix Gobert de l’Académie française).
Derniers ouvrage parus :
François Mitterrand, Gallimard, 2015
Les Derniers Feux de la Belle Époque. Chronique culturelle d’une avant-guerre (1913-1914), Seuil, 2014.
Flaubert, Gallimard, 2013.
La droite, hier et aujourd'hui, Tempus, 2013.
L'Effet de génération. Une brève histoire des intellectuels français, Thierry Marchaisse, 2011.
Auteur de nombreux ouvrages, il a publié notamment, Le Siècle des intellectuels (1997, Prix Médicis essai), Les Voix de la liberté (2001, Prix Roland de Jouvenel de l’Académie française), Jeanne et les siens (2003, Prix Eugène Colas de l’Académie française), Clemenceau (2007, Prix Aujourd’hui), Madame de Staël (2010, Prix Goncourt de la biographie et Grand prix Gobert de l’Académie française).
Derniers ouvrage parus :
François Mitterrand, Gallimard, 2015
Les Derniers Feux de la Belle Époque. Chronique culturelle d’une avant-guerre (1913-1914), Seuil, 2014.
Flaubert, Gallimard, 2013.
La droite, hier et aujourd'hui, Tempus, 2013.
L'Effet de génération. Une brève histoire des intellectuels français, Thierry Marchaisse, 2011.
Le livre
Extrait du Journal Politique - lu par Thierry Marchaisse - Librairie Millepages
Parmi les historiens français contemporains, Michel Winock est certainement le premier à publier son journal. C’est dire le caractère exceptionnel de cette publication. C’est dire aussi son enjeu sur le plan scientifique. Car on peut penser que, après avoir contribué à redonner au genre biographique une place dans le champ de l’histoire, Michel Winock, fera de même avec un certain genre diaristique.
On se tromperait en effet totalement si l’on prenait ce journal pour un journal intime tourné vers les délices et les affres du soi. L’auteur s’en explique dans son avant-propos :
« En définitive, c’est bien en historien que j’ai accepté de publier ce Journal, où s’enchevêtrent la vie politique, la vie universitaire (Vincennes), la vie éditoriale et la vie personnelle (un peu), comme un reflet des débats et des contradictions de ces années si proches encore dans le temps et si éloignées dans nos esprits. La subjectivité y préside à coup sûr. Il s’agit d’un regard parmi des millions d’autres. Sur ces années-là, on peut imaginer ou on a déjà pris connaissance de vues différentes, éloignées et opposées. Invité en 1983 à produire une émission de radio quotidienne sur France Inter, l’idée m’était venue de lire et de commenter des journaux intimes. J’avais intitulé cette émission « Le Passé singulier », dans l’espoir que des bouquets successifs de singularités feraient sentir une atmosphère commune, le « grain » d’une époque. J’ose ainsi espérer que ces carnets pourront, dans leur modeste singularité, contribuer à servir notre histoire collective. »
Avec la publication de son Journal politique, Michel Winock nous offre sur ce qu’il appelle « la république gaullienne » une triple entrée, riche d’aperçus neufs et inattendus. Car à la perspective de l’historien, soucieux de remonter aux sources des conflits de son temps, s’ajoute celle de l’ethnographe plongé dans l’époque qu’il tente de comprendre et celle du biographe des personnes mêmes qu’il côtoie, de près ou de loin, au quotidien. C’est ainsi qu’on suit par exemple simultanément, et de très près, les principaux acteurs de la revue Esprit, la naissance tumultueuse de l’université de Vincennes, le lent déclin du parti communiste, la montée en puissance de François Mitterrand. Histoire, ethnographie et biographie se rejoignent ici pour éclairer de l’intérieur la société française et ses mutations.
Mais cet ouvrage va encore plus loin. Précisément parce qu’il nous fait entrer dans l’atelier d’un homme qui a voué sa vie à l’histoire, et qui explore ici, librement, pour lui-même, tous les aspects de son métier, depuis ses coulisses, jusqu’à ses retombées sociales, universitaires, éditoriales, personnelles, sans se soucier le moins du monde d’être lu, et a fortiori publié.
De manière générale, l’écriture de l’histoire s’enracine nécessairement dans la manière de vivre et de penser des historiens, leur manière de comprendre à chaud ce qui les entoure, de modifier leurs analyses et leurs jugements sur leurs contemporains. Mais il est rare qu’on ait accès à cet arrière-plan. Or c’est là peut-être une des choses les plus précieuses que nous offre ce Journal — un accès direct à ce foyer subjectif où se forgent les outils d’un historien, où se forment et se transforment, au jour le jour, sa vision, ses repères, ses questions, son éthique. En témoignent, notamment, le portrait central, dans ce volume, de de Gaulle lui-même, sans cesse repris, rectifié, précisé, enrichi. Ou encore certaines réflexions méthodologiques :
« Les hommes, les acteurs ne font pas l’histoire qu’ils croient, non plus que celle de leurs adversaires. D’où il s’ensuit que l’historien ne doit jamais prendre au pied de la lettre leurs discours. Mais de là résulte aussi l’antinomie de l’action et de la science. Car à quoi bon s’engager dans tel ou tel combat, si celui-ci se révèle finalement dans ses résultats étranger à ses enjeux initiaux et à la conscience qu’on en a sur le vif ? Une telle constatation nous inclinerait à l’inaction, à la contemplation. Personnellement, j’ai toujours pensé que la seule manière de s’en sortir, c’est-à-dire de surmonter la contradiction entre l’impératif moral du faire et la certitude intellectuelle de l’illusion politique, était de ne jamais se départir d’une vision ironique de la vie publique ».
Il arrive à Michel Winock de regretter qu’il ne se soit pas trouver un Paul Léautaud pour décrire la vie du Seuil où il a travaillé si longtemps comme éditeur. Mais le Léautaud du Seuil, c’est lui ! Et son art du trait et du portrait montre (entre autres) qu’il n’est pas besoin d’être féroce pour avoir du style ou blessant pour toucher juste.
On se tromperait en effet totalement si l’on prenait ce journal pour un journal intime tourné vers les délices et les affres du soi. L’auteur s’en explique dans son avant-propos :
« En définitive, c’est bien en historien que j’ai accepté de publier ce Journal, où s’enchevêtrent la vie politique, la vie universitaire (Vincennes), la vie éditoriale et la vie personnelle (un peu), comme un reflet des débats et des contradictions de ces années si proches encore dans le temps et si éloignées dans nos esprits. La subjectivité y préside à coup sûr. Il s’agit d’un regard parmi des millions d’autres. Sur ces années-là, on peut imaginer ou on a déjà pris connaissance de vues différentes, éloignées et opposées. Invité en 1983 à produire une émission de radio quotidienne sur France Inter, l’idée m’était venue de lire et de commenter des journaux intimes. J’avais intitulé cette émission « Le Passé singulier », dans l’espoir que des bouquets successifs de singularités feraient sentir une atmosphère commune, le « grain » d’une époque. J’ose ainsi espérer que ces carnets pourront, dans leur modeste singularité, contribuer à servir notre histoire collective. »
Avec la publication de son Journal politique, Michel Winock nous offre sur ce qu’il appelle « la république gaullienne » une triple entrée, riche d’aperçus neufs et inattendus. Car à la perspective de l’historien, soucieux de remonter aux sources des conflits de son temps, s’ajoute celle de l’ethnographe plongé dans l’époque qu’il tente de comprendre et celle du biographe des personnes mêmes qu’il côtoie, de près ou de loin, au quotidien. C’est ainsi qu’on suit par exemple simultanément, et de très près, les principaux acteurs de la revue Esprit, la naissance tumultueuse de l’université de Vincennes, le lent déclin du parti communiste, la montée en puissance de François Mitterrand. Histoire, ethnographie et biographie se rejoignent ici pour éclairer de l’intérieur la société française et ses mutations.
Mais cet ouvrage va encore plus loin. Précisément parce qu’il nous fait entrer dans l’atelier d’un homme qui a voué sa vie à l’histoire, et qui explore ici, librement, pour lui-même, tous les aspects de son métier, depuis ses coulisses, jusqu’à ses retombées sociales, universitaires, éditoriales, personnelles, sans se soucier le moins du monde d’être lu, et a fortiori publié.
De manière générale, l’écriture de l’histoire s’enracine nécessairement dans la manière de vivre et de penser des historiens, leur manière de comprendre à chaud ce qui les entoure, de modifier leurs analyses et leurs jugements sur leurs contemporains. Mais il est rare qu’on ait accès à cet arrière-plan. Or c’est là peut-être une des choses les plus précieuses que nous offre ce Journal — un accès direct à ce foyer subjectif où se forgent les outils d’un historien, où se forment et se transforment, au jour le jour, sa vision, ses repères, ses questions, son éthique. En témoignent, notamment, le portrait central, dans ce volume, de de Gaulle lui-même, sans cesse repris, rectifié, précisé, enrichi. Ou encore certaines réflexions méthodologiques :
« Les hommes, les acteurs ne font pas l’histoire qu’ils croient, non plus que celle de leurs adversaires. D’où il s’ensuit que l’historien ne doit jamais prendre au pied de la lettre leurs discours. Mais de là résulte aussi l’antinomie de l’action et de la science. Car à quoi bon s’engager dans tel ou tel combat, si celui-ci se révèle finalement dans ses résultats étranger à ses enjeux initiaux et à la conscience qu’on en a sur le vif ? Une telle constatation nous inclinerait à l’inaction, à la contemplation. Personnellement, j’ai toujours pensé que la seule manière de s’en sortir, c’est-à-dire de surmonter la contradiction entre l’impératif moral du faire et la certitude intellectuelle de l’illusion politique, était de ne jamais se départir d’une vision ironique de la vie publique ».
Il arrive à Michel Winock de regretter qu’il ne se soit pas trouver un Paul Léautaud pour décrire la vie du Seuil où il a travaillé si longtemps comme éditeur. Mais le Léautaud du Seuil, c’est lui ! Et son art du trait et du portrait montre (entre autres) qu’il n’est pas besoin d’être féroce pour avoir du style ou blessant pour toucher juste.
Page manuscrite du journal de Michel Winock