Sophie Caratini
Les sept cercles
Une odyssée noire
« Je suis très vieux, j’ai beaucoup voyagé, j’ai épousé vingt-deux femmes, appris quatorze langues et interrogé toutes sortes de savants. Les villageois viennent donc souvent me consulter ou me soumettre leurs difficultés. Je ne peux pas leur offrir grand-chose, mais je les écoute, je leur donne des conseils. J’enseigne à quelques-uns les secrets des plantes et des mots qui guérissent. Et quand je n’ai rien à faire, j’aime évoquer le passé, réfléchir sur les transformations du temps ou raconter à mes proches, parents, amis ou voisins, les aventures que j’ai vécues. »
L’auteur prête ici sa plume à Moussa Djibi Wagne, qui partit un jour de bon matin sous l’emprise d’une force obscure, abandonnant sa famille et son village des rives du fleuve Sénégal. Comment aurait-il pu savoir qu’il ne retrouverait sa première épouse, son pays natal et sa mémoire qu’après quarante ans d’errance ?
Une nouvelle odyssée qui remonte jusqu’à l’enfance de cet Ulysse noir, et nous fait partager les tribulations d’un paysan peul de Mauritanie, ses émotions, ses croyances, la situation toujours tragique de son peuple, et sa quête inlassable de la connaissance d’Allah.
L’auteur prête ici sa plume à Moussa Djibi Wagne, qui partit un jour de bon matin sous l’emprise d’une force obscure, abandonnant sa famille et son village des rives du fleuve Sénégal. Comment aurait-il pu savoir qu’il ne retrouverait sa première épouse, son pays natal et sa mémoire qu’après quarante ans d’errance ?
Une nouvelle odyssée qui remonte jusqu’à l’enfance de cet Ulysse noir, et nous fait partager les tribulations d’un paysan peul de Mauritanie, ses émotions, ses croyances, la situation toujours tragique de son peuple, et sa quête inlassable de la connaissance d’Allah.
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Récit
22 €, 404 p.
ISBN : 978-2-36280-054-2
Format : 140/205 mm
Parution : 7 janvier 2015
Disponible en Ebook (13,99 €)
ISBN : 978-2-36280-054-2
Format : 140/205 mm
Parution : 7 janvier 2015
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« Un vrai bonheur de lecture... la puissance d’une odyssée antique » - Gilles Ferragu, Parutions.com
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« Une magnifique odyssée servie par une très belle écriture » - Institut du Monde Arabe
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L'auteur
Sophie Caratini est anthropologue et écrivain. Elle est spécialiste des nomades. Après avoir dirigé le département d’Ethnologie du Musée de l’Institut du Monde Arabe de Paris, elle est entrée au CNRS, où elle est directrice de recherche.
Après La fille du chasseur (Thierry Marchaisse 2011), elle poursuit ici sa grande fresque historique sur le choc des mondes — blanc, maure, noir — dont les régions sahariennes ont été le théâtre.
Dernier ouvrage paru: Les non-dits de l'anthropologie, suivi de Dialogue avec Maurice Godelier, (Thierry Marchaisse 2012).
Après La fille du chasseur (Thierry Marchaisse 2011), elle poursuit ici sa grande fresque historique sur le choc des mondes — blanc, maure, noir — dont les régions sahariennes ont été le théâtre.
Dernier ouvrage paru: Les non-dits de l'anthropologie, suivi de Dialogue avec Maurice Godelier, (Thierry Marchaisse 2012).
Le livre
Le monde est un cheval échappé qui galope avec tout son harnachement.
S’il passe près de toi, mets ton pied à son étrier jusqu’à tout endroit où il te jettera à terre.
(Proverbe Peul)
En nous faisant partager le cheminement de Moussa Djibi Wagne, cette odyssée nous donne à comprendre l’impact de la rencontre coloniale sur les êtres et nous ouvre à l’islam du Sahel.
Le destin de Moussa est exemplaire en ce qu’il est à la fois singulier – la sensibilité d’un homme, sa personnalité, ses bonheurs et ses malheurs –, pluriel – les valeurs de l'Islam qu’il tente de mettre en œuvre tout au long de sa vie sont largement partagées par sa communauté –, et universel – il fait partager à son lecteur, quelle que soit sa culture, le cheminement de sa pensée et de ses émotions.
Né dans le cercle protégé de la famille et du village, il va "partir à l’aventure", sorte de rite de passage obligeant tout jeune homme à élargir le cercle du connu en parcourant un territoire inconnu avant de revenir fonder son propre foyer. Mais il va être "capturé" par l’armée française, affecté dans une unité méhariste du nord-mauritanien où pendant quatre ans il va sans relâche marcher au centre de cet autre cercle qu’est l’horizon dans le grand Sahara. De cercle en cercle il va ainsi atteindre celui que forment les croyants lorsqu’ils tournent autour de la Kaaba au moment du pèlerinage, avant de revenir au terme d’une véritable odyssée dans son Fouta natal, pour y découvrir avec horreur un paysage ravagé par la sècheresse, un peuple meurtri par la violence dont elle est l’objet, et surtout, l’incommensurable misère que les "développeurs", trop souvent, favorisent et entretiennent.
Le cercle est ici à la fois une image et un symbole paradoxal. Celui du fini (la clôture) et de l’infini (le mouvement perpétuel), de l’enfermement et de l’ouverture, de l’initiation et de la quête. Dans cette odyssée, le de nombre de cercles fait écho à l'omniprésence du chiffre sept en islam (le monde fut créé en sept jours, les cieux sont au nombre de sept, les circonvolutions autour de la Kaaba se font sept fois...).
S’il passe près de toi, mets ton pied à son étrier jusqu’à tout endroit où il te jettera à terre.
(Proverbe Peul)
En nous faisant partager le cheminement de Moussa Djibi Wagne, cette odyssée nous donne à comprendre l’impact de la rencontre coloniale sur les êtres et nous ouvre à l’islam du Sahel.
Le destin de Moussa est exemplaire en ce qu’il est à la fois singulier – la sensibilité d’un homme, sa personnalité, ses bonheurs et ses malheurs –, pluriel – les valeurs de l'Islam qu’il tente de mettre en œuvre tout au long de sa vie sont largement partagées par sa communauté –, et universel – il fait partager à son lecteur, quelle que soit sa culture, le cheminement de sa pensée et de ses émotions.
Né dans le cercle protégé de la famille et du village, il va "partir à l’aventure", sorte de rite de passage obligeant tout jeune homme à élargir le cercle du connu en parcourant un territoire inconnu avant de revenir fonder son propre foyer. Mais il va être "capturé" par l’armée française, affecté dans une unité méhariste du nord-mauritanien où pendant quatre ans il va sans relâche marcher au centre de cet autre cercle qu’est l’horizon dans le grand Sahara. De cercle en cercle il va ainsi atteindre celui que forment les croyants lorsqu’ils tournent autour de la Kaaba au moment du pèlerinage, avant de revenir au terme d’une véritable odyssée dans son Fouta natal, pour y découvrir avec horreur un paysage ravagé par la sècheresse, un peuple meurtri par la violence dont elle est l’objet, et surtout, l’incommensurable misère que les "développeurs", trop souvent, favorisent et entretiennent.
Le cercle est ici à la fois une image et un symbole paradoxal. Celui du fini (la clôture) et de l’infini (le mouvement perpétuel), de l’enfermement et de l’ouverture, de l’initiation et de la quête. Dans cette odyssée, le de nombre de cercles fait écho à l'omniprésence du chiffre sept en islam (le monde fut créé en sept jours, les cieux sont au nombre de sept, les circonvolutions autour de la Kaaba se font sept fois...).
L'auteur en parle
C’était une chance, en vérité, que d’avoir finalement rencontré Moussa Djibi Wagne au terme d’une longue pérégrination. Les anciens tirailleurs sont nombreux en Mauritanie, comme dans toute l’Afrique de L’Ouest, mais ceux qui ont été affectés dans les unités méharistes du nord du pays sont beaucoup plus difficiles à trouver.
Moussa Wagne fait partie de cette génération de subsahariens qui avait vingt ans au moment du déclenchement de la seconde guerre mondiale, et qui, comme celle de 1914 a été très largement réquisitionnée. Dans le Sahara nomade, qu’il soit maure, targui ou toubou, l’administration coloniale a agi tout différemment. Sans tenir compte de cette différence et de ses conséquences historiques sur les relations intercommunautaires du Sahel, il est impossible de comprendre dans toutes ses dimensions les violences qui bouleversent aujourd’hui l’ensemble de la zone.
Dans une société peule où « ça ne se fait pas » de raconter ses histoires à des étrangers, Moussa a décidé de transgresser l’interdit, malgré les pressions de son entourage :
« Ce livre, c'est pour nous, les Peuls de Mauritanie ; pour nous remettre parmi les hommes, pour nous redonner une place. Il parlera de nous, il sera distribué dans toute la sous-région, dans les pays des Blancs, en Afrique, partout. Tous ceux qui ne nous connaissaient pas vont nous connaître, à commencer par les Maures qui nous ignorent, qui prétendent que les terres de la vallée sont à eux et que nous ne sommes pas nés ici. Le mensonge ne mène à rien de bon. Toutes les races sont d’accord là-dessus. En haoussa, on dit "Le mensonge peut donner des fleurs, il ne donnera jamais de fruits". Grâce à ce livre, ils seront obligés d’arrêter de mentir. Aucun Maure ne pourra plus dire en se frappant la poitrine que nos champs sont à lui. Voilà pourquoi j’ai changé d’avis. J’ai pensé : moi — Moussa Djibi Wagne, fils de Djibi Coumba Wagne et de Boudi Mariam — ou un autre, qu’importe ! Pourvu que quelqu’un témoigne. »
Moussa Wagne fait partie de cette génération de subsahariens qui avait vingt ans au moment du déclenchement de la seconde guerre mondiale, et qui, comme celle de 1914 a été très largement réquisitionnée. Dans le Sahara nomade, qu’il soit maure, targui ou toubou, l’administration coloniale a agi tout différemment. Sans tenir compte de cette différence et de ses conséquences historiques sur les relations intercommunautaires du Sahel, il est impossible de comprendre dans toutes ses dimensions les violences qui bouleversent aujourd’hui l’ensemble de la zone.
Dans une société peule où « ça ne se fait pas » de raconter ses histoires à des étrangers, Moussa a décidé de transgresser l’interdit, malgré les pressions de son entourage :
« Ce livre, c'est pour nous, les Peuls de Mauritanie ; pour nous remettre parmi les hommes, pour nous redonner une place. Il parlera de nous, il sera distribué dans toute la sous-région, dans les pays des Blancs, en Afrique, partout. Tous ceux qui ne nous connaissaient pas vont nous connaître, à commencer par les Maures qui nous ignorent, qui prétendent que les terres de la vallée sont à eux et que nous ne sommes pas nés ici. Le mensonge ne mène à rien de bon. Toutes les races sont d’accord là-dessus. En haoussa, on dit "Le mensonge peut donner des fleurs, il ne donnera jamais de fruits". Grâce à ce livre, ils seront obligés d’arrêter de mentir. Aucun Maure ne pourra plus dire en se frappant la poitrine que nos champs sont à lui. Voilà pourquoi j’ai changé d’avis. J’ai pensé : moi — Moussa Djibi Wagne, fils de Djibi Coumba Wagne et de Boudi Mariam — ou un autre, qu’importe ! Pourvu que quelqu’un témoigne. »
Une trilogie coloniale - Note de l'éditeur
Sophie Caratini poursuit ici sa saga anthropologique sur l’empire colonial français. Cette oeuvre sans précédent, tout à la fois littéraire et scientifique, croise les destins de trois personnalités représentant les cultures que la colonisation de la Mauritanie a entrechoquées. Elle met ainsi en perspective les différents points de vue – blanc, maure, noir – indispensables à l’analyse de la rencontre coloniale sur le terrain du Sahara et à la compréhension de notre temps, où ne cessent d’affleurer ses effets interminables.
Sont déjà parues, successivement, la biographie d’un jeune officier méhariste français, Jean du Boucher [1], puis celle de Mariem mint Touileb, née en plein désert dans la tribu maure des chasseurs nomades Nmadi [2]. Et nous publions dans ce volume le témoignage d’un paysan peul, engagé comme tirailleur sénégalais, Moussa Djibi Wagne.
Ces trois récits de vie se recoupent en ce qu’ils ont le même foyer narratif : les unités méharistes de l’infanterie de marine française, qui contrôlaient le territoire septentrional de la Mauritanie ; mais chacun peut être lu indépendamment des autres, et chacun rayonne bien au-delà de ce moment colonial particulier. Ces textes ont aussi la même structure singulière : ils sont écrits à la première personne, et l’auteur anthropologue, à qui le narrateur ou la narratrice s’adresse, n’y apparaît qu’en creux. Aucun appareil savant n’y figure.
Qu’on ne s’y trompe pas cependant, les personnages sont des personnes et leurs propos, authentiques, résultent d’une transposition littéraire d’entretiens effectifs. De surcroît, chaque manuscrit a été soumis, avant publication, pour accord ou modification, à son protagoniste (ou à ses proches dans le cas de Moussa décédé en 2007, bien avant la fin du travail d’écriture). En choisissant de s’effacer de la narration, l’auteur a pris certes le risque de semer le doute, voire le trouble, dans l’esprit de certains de ses lecteurs, mais c’était là le meilleur moyen de mettre en valeur la force exceptionnelle des paroles ainsi recueillies.
Enfin, l’anthropologue jusque-là silencieuse reprendra bientôt la parole. Car, comme les trois mousquetaires étaient quatre, cette Trilogie coloniale comportera en effet un quatrième et ultime volume, où Sophie Caratini montera à son tour sur scène, avec armes et bagages, pour dévoiler les coulisses de cette aventure scientifique, humaine et littéraire au long cours.
[1] La dernière marche de l’empire, une éducation saharienne, publié avec la collaboration de Thierry Marchaisse, éd. La Découverte, 2009. Une nouvelle version augmentée de ce texte paraîtra prochainement aux éd. Thierry Marchaisse.
[2] La fille du chasseur, éd. Thierry Marchaisse, 2011.
Sont déjà parues, successivement, la biographie d’un jeune officier méhariste français, Jean du Boucher [1], puis celle de Mariem mint Touileb, née en plein désert dans la tribu maure des chasseurs nomades Nmadi [2]. Et nous publions dans ce volume le témoignage d’un paysan peul, engagé comme tirailleur sénégalais, Moussa Djibi Wagne.
Ces trois récits de vie se recoupent en ce qu’ils ont le même foyer narratif : les unités méharistes de l’infanterie de marine française, qui contrôlaient le territoire septentrional de la Mauritanie ; mais chacun peut être lu indépendamment des autres, et chacun rayonne bien au-delà de ce moment colonial particulier. Ces textes ont aussi la même structure singulière : ils sont écrits à la première personne, et l’auteur anthropologue, à qui le narrateur ou la narratrice s’adresse, n’y apparaît qu’en creux. Aucun appareil savant n’y figure.
Qu’on ne s’y trompe pas cependant, les personnages sont des personnes et leurs propos, authentiques, résultent d’une transposition littéraire d’entretiens effectifs. De surcroît, chaque manuscrit a été soumis, avant publication, pour accord ou modification, à son protagoniste (ou à ses proches dans le cas de Moussa décédé en 2007, bien avant la fin du travail d’écriture). En choisissant de s’effacer de la narration, l’auteur a pris certes le risque de semer le doute, voire le trouble, dans l’esprit de certains de ses lecteurs, mais c’était là le meilleur moyen de mettre en valeur la force exceptionnelle des paroles ainsi recueillies.
Enfin, l’anthropologue jusque-là silencieuse reprendra bientôt la parole. Car, comme les trois mousquetaires étaient quatre, cette Trilogie coloniale comportera en effet un quatrième et ultime volume, où Sophie Caratini montera à son tour sur scène, avec armes et bagages, pour dévoiler les coulisses de cette aventure scientifique, humaine et littéraire au long cours.
[1] La dernière marche de l’empire, une éducation saharienne, publié avec la collaboration de Thierry Marchaisse, éd. La Découverte, 2009. Une nouvelle version augmentée de ce texte paraîtra prochainement aux éd. Thierry Marchaisse.
[2] La fille du chasseur, éd. Thierry Marchaisse, 2011.