La visée
Dialogue avec Thierry Marchaisse
Vous avez été éditeur et directeur de collections au Seuil pendant vingt ans. Puis, en 2007, vous avez pris la direction des éditions Epel. Pourquoi avoir pris le risque de monter votre propre maison ?
Epel est une belle aventure, mais c’est une structure consacrée essentiellement au champ freudien. Or, j’avais aussi d’autres projets en cours, ou en tête, qui n’ont rien à voir avec la psychanalyse ou même avec les essais. J’ai d’ailleurs été un moment « apporteur d’ouvrages » ici ou là (Fayard, Flammarion, etc.). Cela faisait longtemps que je méditais de rassembler mes projets éditoriaux généralistes dans une structure indépendante.
Qu’entendez-vous par « édition généraliste » ?
La plupart des éditeurs se spécialisent et ils ont raison. C’est stratégiquement et économiquement beaucoup plus raisonnable. Mais je n’y arrive pas. Je suis incapable de résister à un beau projet et cela quel que soit son genre. C’est pourquoi je publie aussi bien des romans que des essais, des récits, de la philosophie, des contes, voire de l'écriture dessinée...
En somme, vous faites vos choix d’éditeur comme nous faisons nos choix de lecteurs...
Oui, à cette différence que j’ai affaire à des livres possibles. Mais il y a bien d’abord l’émotion d’une rencontre, le scintillement d’une phrase ou d’une idée. Mon activité d’éditeur n’est que le prolongement d’un désir de lire, de savoir, de partager.
Qu’est-ce qu’être éditeur pour vous, qu’est-ce qui vous attire tant dans ce métier ?
J’ai toujours été fasciné par les chemins et les énigmes de la création : les textes en chantier, l’émergence d’une idée nouvelle, ou les conséquences inaperçues d’une ancienne, la logique des formes en gestation. Être éditeur, c’est avoir le privilège d’orchestrer toutes les étapes de cette longue chaîne de métamorphoses qui transfigurent un manuscrit en livre capable de créer ses lecteurs et parfois même son auteur ! Il y a là une forme de miracle, dont je ne me lasse pas.
Et puis, une fois qu’on a goûté à l’intensité et à la qualité très particulières des relations de travail avec un auteur, au plaisir d’œuvrer en équipe jusqu’à la sortie d’un livre, avec la diversité des compétences que cela suppose, il est difficile de s’en passer. Bref, j’ai fini par comprendre que, dans mon cas, ce métier est plus qu’un métier, une vocation — une de ces vocations auxquelles on ne prête pas attention au départ, qu’on méconnaît même longtemps, mais qui finissent par s’imposer à vous et gouverner votre vie.
Epel est une belle aventure, mais c’est une structure consacrée essentiellement au champ freudien. Or, j’avais aussi d’autres projets en cours, ou en tête, qui n’ont rien à voir avec la psychanalyse ou même avec les essais. J’ai d’ailleurs été un moment « apporteur d’ouvrages » ici ou là (Fayard, Flammarion, etc.). Cela faisait longtemps que je méditais de rassembler mes projets éditoriaux généralistes dans une structure indépendante.
Qu’entendez-vous par « édition généraliste » ?
La plupart des éditeurs se spécialisent et ils ont raison. C’est stratégiquement et économiquement beaucoup plus raisonnable. Mais je n’y arrive pas. Je suis incapable de résister à un beau projet et cela quel que soit son genre. C’est pourquoi je publie aussi bien des romans que des essais, des récits, de la philosophie, des contes, voire de l'écriture dessinée...
En somme, vous faites vos choix d’éditeur comme nous faisons nos choix de lecteurs...
Oui, à cette différence que j’ai affaire à des livres possibles. Mais il y a bien d’abord l’émotion d’une rencontre, le scintillement d’une phrase ou d’une idée. Mon activité d’éditeur n’est que le prolongement d’un désir de lire, de savoir, de partager.
Qu’est-ce qu’être éditeur pour vous, qu’est-ce qui vous attire tant dans ce métier ?
J’ai toujours été fasciné par les chemins et les énigmes de la création : les textes en chantier, l’émergence d’une idée nouvelle, ou les conséquences inaperçues d’une ancienne, la logique des formes en gestation. Être éditeur, c’est avoir le privilège d’orchestrer toutes les étapes de cette longue chaîne de métamorphoses qui transfigurent un manuscrit en livre capable de créer ses lecteurs et parfois même son auteur ! Il y a là une forme de miracle, dont je ne me lasse pas.
Et puis, une fois qu’on a goûté à l’intensité et à la qualité très particulières des relations de travail avec un auteur, au plaisir d’œuvrer en équipe jusqu’à la sortie d’un livre, avec la diversité des compétences que cela suppose, il est difficile de s’en passer. Bref, j’ai fini par comprendre que, dans mon cas, ce métier est plus qu’un métier, une vocation — une de ces vocations auxquelles on ne prête pas attention au départ, qu’on méconnaît même longtemps, mais qui finissent par s’imposer à vous et gouverner votre vie.