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Essai
14.90 €, 128 p.
ISBN : 978-2-36280-088-7
Format : 140/205 mm
Parution : 3 septembre 2015
Disponible en Ebook (9,99 €)
ISBN : 978-2-36280-088-7
Format : 140/205 mm
Parution : 3 septembre 2015
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Acta Fabula Matthias Fougerouse, vol 18, n°5, mai 2017
Écrire une lettre à un mort
Esthéticien, théoricien de l’art, poéticien du récit et des genres, Jean‑Marie Schaeffer se révèle dans sa Lettre à Roland Barthes épistolier de commande et égotiste malgré lui. L’ouvrage a paru en 2015, année du centenaire de la naissance de Roland Barthes, en pleine effervescence éditoriale et critique. Au seuil de cette lettre adressée à l’auteur de Critique et Vérité, Jean‑Marie Schaeffer ne cache pas ses réticences devant la tâche que Thierry Marchaisse lui a confiée. Cette réserve s’énonce comme un paradoxe liminaire dont le double bind traverse et travaille l’écrit épistolaire : comment « écrire une lettre à un mort » ? Comment satisfaire à l’injonction énonciative de l’adresse en dépit de l’évidente « incongruité » (p. 7), ou de l’apparente « impossibilité ontologique » (p. 11) de l’exercice ? La deuxième personne (ici, le vous), à la différence de la troisième, note Jean‑Marie Schaeffer, est « rétive à la fictionnalisation » (p. 7). À l’inverse du dispositif autofictionnel programmé par la célèbre épigraphe du Roland Barthes par Roland Barthes, Jean‑Marie Schaeffer n’a d’autre choix que d’assumer les « engagements ontologiques » (p. 8) du je convoquant un « vous en moi » (p. 11). Adresse in absentia donc, comme l’est toute lettre, y compris amoureuse, à ceci près que la communication n’est plus seulement différée mais irrémédiablement unilatérale, sans réponse possible, sans horizon. [...]
Tel est bien l’enjeu herméneutique et éthique de cette lettre : non pas rendre hommage à un auteur classique, patrimonialisé et comme deux fois mort, mais lire Roland Barthes comme son contemporain, retrouver « la trace vive de l’écrivain » (p. 28) à la faveur du « vous en moi ». Nous sommes ainsi invités à lire cette lettre comme une (auto)biographie oblique, intellectuelle, sélective. Autre contrainte épistolaire : la lettre doit pouvoir être lue « d’une traite » (p. 30), sans repentir, sans réponse mais non sans responsabilité ontologique. Seule l’absence de méthode (methodos) peut être garante de la « sincérité performative » (p. 32) : le satori contre l’aporie, tel est le défi de ce geste scriptural. [...]
Le « Roland Barthes par Jean‑Marie Schaeffer » qui ressort de cet ouvrage, aux dires de son auteur, est « passablement idiosyncrasique, lacunaire, partiel et partial » (p. 122), à l’image de cet ethos barthésien si prégnant dans l’ensemble de ses écrits : égotiste et hédoniste. Souvent pris en mauvaise part, ces deux traits d’écriture (ou de lecture) sont des composantes essentielles de l’esthétisme, dont on sait que Jean‑Marie Schaeffer s’est fait le spécialiste et le défenseur. Quoi de plus significatif et émouvant que l’envoi de cette missive dise l’impossibilité de dire un mot du Japon, cet « empire des signes » dont Roland Barthes a proposé une lecture « romanesque » ? En lieu et place de tout discours, l’épiphanie d’un « papillon noir surgi du néant » (p. 123), en guise de haïku non écrit, ou de satori, renvoie le destinataire aimé à l’oubli.
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Esthéticien, théoricien de l’art, poéticien du récit et des genres, Jean‑Marie Schaeffer se révèle dans sa Lettre à Roland Barthes épistolier de commande et égotiste malgré lui. L’ouvrage a paru en 2015, année du centenaire de la naissance de Roland Barthes, en pleine effervescence éditoriale et critique. Au seuil de cette lettre adressée à l’auteur de Critique et Vérité, Jean‑Marie Schaeffer ne cache pas ses réticences devant la tâche que Thierry Marchaisse lui a confiée. Cette réserve s’énonce comme un paradoxe liminaire dont le double bind traverse et travaille l’écrit épistolaire : comment « écrire une lettre à un mort » ? Comment satisfaire à l’injonction énonciative de l’adresse en dépit de l’évidente « incongruité » (p. 7), ou de l’apparente « impossibilité ontologique » (p. 11) de l’exercice ? La deuxième personne (ici, le vous), à la différence de la troisième, note Jean‑Marie Schaeffer, est « rétive à la fictionnalisation » (p. 7). À l’inverse du dispositif autofictionnel programmé par la célèbre épigraphe du Roland Barthes par Roland Barthes, Jean‑Marie Schaeffer n’a d’autre choix que d’assumer les « engagements ontologiques » (p. 8) du je convoquant un « vous en moi » (p. 11). Adresse in absentia donc, comme l’est toute lettre, y compris amoureuse, à ceci près que la communication n’est plus seulement différée mais irrémédiablement unilatérale, sans réponse possible, sans horizon. [...]
Tel est bien l’enjeu herméneutique et éthique de cette lettre : non pas rendre hommage à un auteur classique, patrimonialisé et comme deux fois mort, mais lire Roland Barthes comme son contemporain, retrouver « la trace vive de l’écrivain » (p. 28) à la faveur du « vous en moi ». Nous sommes ainsi invités à lire cette lettre comme une (auto)biographie oblique, intellectuelle, sélective. Autre contrainte épistolaire : la lettre doit pouvoir être lue « d’une traite » (p. 30), sans repentir, sans réponse mais non sans responsabilité ontologique. Seule l’absence de méthode (methodos) peut être garante de la « sincérité performative » (p. 32) : le satori contre l’aporie, tel est le défi de ce geste scriptural. [...]
Le « Roland Barthes par Jean‑Marie Schaeffer » qui ressort de cet ouvrage, aux dires de son auteur, est « passablement idiosyncrasique, lacunaire, partiel et partial » (p. 122), à l’image de cet ethos barthésien si prégnant dans l’ensemble de ses écrits : égotiste et hédoniste. Souvent pris en mauvaise part, ces deux traits d’écriture (ou de lecture) sont des composantes essentielles de l’esthétisme, dont on sait que Jean‑Marie Schaeffer s’est fait le spécialiste et le défenseur. Quoi de plus significatif et émouvant que l’envoi de cette missive dise l’impossibilité de dire un mot du Japon, cet « empire des signes » dont Roland Barthes a proposé une lecture « romanesque » ? En lieu et place de tout discours, l’épiphanie d’un « papillon noir surgi du néant » (p. 123), en guise de haïku non écrit, ou de satori, renvoie le destinataire aimé à l’oubli.
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NonFiction.fr Loïc Chevalier, 26 février 2016
Une lettre pour chacun
[...] Jean-Marie Schaeffer, philosophe, spécialiste d’esthétique et de théorie des arts, écrit ici une lettre à Barthes, mais pas à l’auteur canonisé de Critique et Vérité. Il choisit d’aller à la rencontre de Barthes en revisitant son propre passé. Cette démarche, qui tient autant de l’autobiographie que de l’acte de remémoration des écrits de Barthes au moment où Schaeffer les découvrit pour la première fois, produit une insolite missive.
Avant tout, l’exercice d’écriture d’une lettre à un mort constitue, comme le rappelle Schaeffer, une « incongruité ontologique ». L’auteur s’autorise le périlleux exercice en évoquant la situation de Jacques Derrida qui dans le texte « Les morts de Roland Barthes » expose l’idée que l’hommage posthume, s’il s’adresse à l’ami mort, parvient au « lui en soi, donc à soi-même ». Le texte que produit ainsi Schaeffer prend une tournure particulière qui navigue entre une relecture critique des œuvres de Barthes et une plongée dans la vie du philosophe luxembourgeois de naissance, ne reniant pas le caractère intime lié au genre épistolaire. On en découvre autant sur l’auteur que sur Barthes. Ces révélations, combinées à l’usage du « vous », amènent à un glissement d’ordre identitaire.
Ce glissement, en aucune sorte malencontreux, ouvre un autre régime de perception du texte chez le lecteur. Jean-Marie Schaeffer s’adresse au Roland Barthes en lui, tout en nous conviant par l’utilisation du pronom comme forme de politesse, et ce faisant à celui en chacun de nous. Lorsqu’il évoque les écrits de ce dernier et l’instant de leur première lecture, on se projette malgré nous dans notre propre approche de Barthes. L’écho est si vibrant qu’il obstrue parfois l’analyse sérieuse et la démarche novatrice que constitue le rappel autobiographique du parcours de Barthes par Schaeffer. On relit alors avec intérêt le passage intitulé « l’homme structural » ou encore celui portant sur l’ouverture d’« Introduction à l’analyse structurale des récits » pour se rendre compte de la valeur du travail de Barthes et ses apports considérables au domaine des sciences humaines.
Cette lettre constitue de la sorte un essai d’élaboration d’un simulacre, au sens que Barthes donnait à ce terme, c’est-à-dire la mise au jour du « procès proprement humain par lequel les hommes donnent du sens aux choses ». Jean-Marie Schaeffer transcende ainsi un acte initialement douloureux en une démarche féconde qui donne plein sens à l’idée que « l’écriture est en réalité une notion qui est du côté du lecteur au moins autant que du côté de l’auteur », et que les récits sont un mode privilégié d’acquisition des connaissances et de compréhension de notre rapport aux choses et aux autres. [...]
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[...] Jean-Marie Schaeffer, philosophe, spécialiste d’esthétique et de théorie des arts, écrit ici une lettre à Barthes, mais pas à l’auteur canonisé de Critique et Vérité. Il choisit d’aller à la rencontre de Barthes en revisitant son propre passé. Cette démarche, qui tient autant de l’autobiographie que de l’acte de remémoration des écrits de Barthes au moment où Schaeffer les découvrit pour la première fois, produit une insolite missive.
Avant tout, l’exercice d’écriture d’une lettre à un mort constitue, comme le rappelle Schaeffer, une « incongruité ontologique ». L’auteur s’autorise le périlleux exercice en évoquant la situation de Jacques Derrida qui dans le texte « Les morts de Roland Barthes » expose l’idée que l’hommage posthume, s’il s’adresse à l’ami mort, parvient au « lui en soi, donc à soi-même ». Le texte que produit ainsi Schaeffer prend une tournure particulière qui navigue entre une relecture critique des œuvres de Barthes et une plongée dans la vie du philosophe luxembourgeois de naissance, ne reniant pas le caractère intime lié au genre épistolaire. On en découvre autant sur l’auteur que sur Barthes. Ces révélations, combinées à l’usage du « vous », amènent à un glissement d’ordre identitaire.
Ce glissement, en aucune sorte malencontreux, ouvre un autre régime de perception du texte chez le lecteur. Jean-Marie Schaeffer s’adresse au Roland Barthes en lui, tout en nous conviant par l’utilisation du pronom comme forme de politesse, et ce faisant à celui en chacun de nous. Lorsqu’il évoque les écrits de ce dernier et l’instant de leur première lecture, on se projette malgré nous dans notre propre approche de Barthes. L’écho est si vibrant qu’il obstrue parfois l’analyse sérieuse et la démarche novatrice que constitue le rappel autobiographique du parcours de Barthes par Schaeffer. On relit alors avec intérêt le passage intitulé « l’homme structural » ou encore celui portant sur l’ouverture d’« Introduction à l’analyse structurale des récits » pour se rendre compte de la valeur du travail de Barthes et ses apports considérables au domaine des sciences humaines.
Cette lettre constitue de la sorte un essai d’élaboration d’un simulacre, au sens que Barthes donnait à ce terme, c’est-à-dire la mise au jour du « procès proprement humain par lequel les hommes donnent du sens aux choses ». Jean-Marie Schaeffer transcende ainsi un acte initialement douloureux en une démarche féconde qui donne plein sens à l’idée que « l’écriture est en réalité une notion qui est du côté du lecteur au moins autant que du côté de l’auteur », et que les récits sont un mode privilégié d’acquisition des connaissances et de compréhension de notre rapport aux choses et aux autres. [...]
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Le Monde Diplomatique Antony Burlaud, décembre 2015
Roland Barthes le défricheur
En 2015, Roland Barthes a hanté les librairies. Presque chaque mois, un nouvel ouvrage – inédit, essai et même roman – est venu marquer, à sa façon, le centenaire de la naissance de l’écrivain, mort en 1980 [...]
C’est le Barthes des années 1970 qui se décrivait lui-même comme un «sujet incertain » et travaillait à des œuvres «moins directement engagées dans la dénonciation idéologique », plus personnelles et « plus ambiguës » qui paraît occuper la première place dans les mémoires. Celui, plus « théoricien », des années 1960, s’il a perdu de son audience, trouve encore quelques défenseurs [...].
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En 2015, Roland Barthes a hanté les librairies. Presque chaque mois, un nouvel ouvrage – inédit, essai et même roman – est venu marquer, à sa façon, le centenaire de la naissance de l’écrivain, mort en 1980 [...]
C’est le Barthes des années 1970 qui se décrivait lui-même comme un «sujet incertain » et travaillait à des œuvres «moins directement engagées dans la dénonciation idéologique », plus personnelles et « plus ambiguës » qui paraît occuper la première place dans les mémoires. Celui, plus « théoricien », des années 1960, s’il a perdu de son audience, trouve encore quelques défenseurs [...].
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La Cause Littéraire Marie-Josée Desvignes, 11 décembre 2015
J.M. Schaeffer pose la question de la survivance de l’autre en soi, qui bien que n’étant plus subsiste encore en nous, faisant, en parallèle, référence à Derrida évoquant « les morts de Roland Barthes » et à la difficulté de parler à un ami mort (comme d’un mort ou comme d’un vivant ?), à qui parle-t-on « sinon à lui en moi » ?
Comment dépasser cette impossibilité ontologique que représente le fait de s’adresser à une personne alors qu’elle n’est plus ? J.M. Schaeffer se saisit d’un exemple même donné par R. Barthes dans Fragments d’un discours amoureux. Tout épistolier est toujours seul face à lui-même quand il écrit à l’autre, il est face à quelqu’un qui n’est pas là quand il lui écrit mais qui parlera plus tard, selon les codes de l’épistolaire. Sauf dans le cas de lettres de rupture, il y aura toujours une réponse, mais la lettre de rupture ne signifie pas que l’autre est absent.
Cette longue lettre de plus de cent vingt pages croise donc la pensée de deux écrivains, l’un vivant, l’autre mort, de génération différente.
De Critique et Vérité, premier livre lu par Schaeffer, en passant par Mythologie ou La Chambre Claire, il interroge, questionne Barthes « absent », sans attendre de réponses autres que celles que le lecteur d’aujourd’hui pourra se poser à son tour. Il s’agit aussi à la fois pour Schaeffer de libérer sa réflexion sur l’œuvre de Barthes si longtemps fréquenté, tout en proposant d’autres questionnements ouverts à d’autres lecteurs de Barthes et de Schaeffer concomitamment.
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Comment dépasser cette impossibilité ontologique que représente le fait de s’adresser à une personne alors qu’elle n’est plus ? J.M. Schaeffer se saisit d’un exemple même donné par R. Barthes dans Fragments d’un discours amoureux. Tout épistolier est toujours seul face à lui-même quand il écrit à l’autre, il est face à quelqu’un qui n’est pas là quand il lui écrit mais qui parlera plus tard, selon les codes de l’épistolaire. Sauf dans le cas de lettres de rupture, il y aura toujours une réponse, mais la lettre de rupture ne signifie pas que l’autre est absent.
Cette longue lettre de plus de cent vingt pages croise donc la pensée de deux écrivains, l’un vivant, l’autre mort, de génération différente.
De Critique et Vérité, premier livre lu par Schaeffer, en passant par Mythologie ou La Chambre Claire, il interroge, questionne Barthes « absent », sans attendre de réponses autres que celles que le lecteur d’aujourd’hui pourra se poser à son tour. Il s’agit aussi à la fois pour Schaeffer de libérer sa réflexion sur l’œuvre de Barthes si longtemps fréquenté, tout en proposant d’autres questionnements ouverts à d’autres lecteurs de Barthes et de Schaeffer concomitamment.
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Librarie Mollat 15 novembre 2015
Jean-Marie Schaeffer présente Lettre à Roland Barthes.
Festival Ritournelles Marie-Laure Picot
Le Monde Jean-Louis Jeannelle, 22 octobre 2015
La Sélection du Monde des livres - Courrier du lecteur Jean-Marie Schaeffer
Si, parmi ceux qui célèbrent aujourd'hui Barthes, Jean-Marie Schaeffer ne peut se prévaloir d'aucun lien direct – ni disciple ni ami, il ne le croisa qu'une ou deux fois par hasard –, il en est toutefois, et de loin, l'un des meilleurs lecteurs. Du modèle de la "Lettre à...", le spécialiste de théorie littéraire et d'esthétique fait un véritable atout : sans prétendre à aucune familiarité, il s'adresse à un Barthes chronologiquement plus vieux que ses parents, mais qu'il considère, depuis ses premières lectures d'étudiant, comme son contemporain. L'essayiste y échappe à son statut d'"auteur classique" pour devenir, ainsi que l'écrit Schaeffer, "la trace vive de l'écrivain qui, en moi, s'emmêle à mes propres passés".
Prenant le contre-pied d'un Barthes antimoderne, Schaeffer fait le choix, provocateur, de défendre ses grands textes des années 1960, à présent négligés. On s'étonnera ainsi de son vibrant éloge du Système de la mode. Ce livre fort aride apparaissait "déjà daté" à son auteur lors de sa parution en 1967 et fut très vite oublié au profit de S/Z (1970), brillante analyse d'une nouvelle de Balzac, ou plus encore du Plaisir du texte (1973), qui sembla marquer la rupture de Barthes avec le "mirage scientiste" des années 1960. Jean-Marie Schaeffer montre, à l'inverse, que ce morceau de bravoure structuraliste reste toujours efficace pour penser le vêtement, "deuxième peau" faite de discours autant que de tissus. La science n'interdisant pas le désir, Schaeffer prolonge les analyses de Barthes en s'attaquant à la "minijupe" et à la dialectique du " court " et du " long " qui sous-tend l'histoire de la mode féminine.
Une approche féconde
Le structuralisme est ici redécouvert non comme un formalisme asséchant mais comme un programme visant à élaborer des modèles, des constructions mentales tenant lieu de la réalité et permettant d'en révéler les règles opératoires. La fécondité d'une telle approche ne fut nulle part plus éclatante que dans la célèbre "Analyse structurale du récit" (1966). De cette exploration des innombrables récits du monde, ode à "l'inventivité des hommes", Schaeffer souligne que la plupart des hypothèses restent valides au regard des recherches les plus actuelles en psychologie cognitive, étude scientifique des processus mentaux. Peut-être Barthes n'aurait-il pas adhéré à ces développements de la psychologie (comment le savoir ?) ; ses textes des années 1960 n'en constituent pas moins un héritage précieux.
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La Sélection du Monde des livres
Si, parmi ceux qui célèbrent aujourd'hui Barthes, Jean-Marie Schaeffer ne peut se prévaloir d'aucun lien direct – ni disciple ni ami, il ne le croisa qu'une ou deux fois par hasard –, il en est toutefois, et de loin, l'un des meilleurs lecteurs. Du modèle de la "Lettre à...", le spécialiste de théorie littéraire et d'esthétique fait un véritable atout : sans prétendre à aucune familiarité, il s'adresse à un Barthes chronologiquement plus vieux que ses parents, mais qu'il considère, depuis ses premières lectures d'étudiant, comme son contemporain. L'essayiste y échappe à son statut d'"auteur classique" pour devenir, ainsi que l'écrit Schaeffer, "la trace vive de l'écrivain qui, en moi, s'emmêle à mes propres passés".
Prenant le contre-pied d'un Barthes antimoderne, Schaeffer fait le choix, provocateur, de défendre ses grands textes des années 1960, à présent négligés. On s'étonnera ainsi de son vibrant éloge du Système de la mode. Ce livre fort aride apparaissait "déjà daté" à son auteur lors de sa parution en 1967 et fut très vite oublié au profit de S/Z (1970), brillante analyse d'une nouvelle de Balzac, ou plus encore du Plaisir du texte (1973), qui sembla marquer la rupture de Barthes avec le "mirage scientiste" des années 1960. Jean-Marie Schaeffer montre, à l'inverse, que ce morceau de bravoure structuraliste reste toujours efficace pour penser le vêtement, "deuxième peau" faite de discours autant que de tissus. La science n'interdisant pas le désir, Schaeffer prolonge les analyses de Barthes en s'attaquant à la "minijupe" et à la dialectique du " court " et du " long " qui sous-tend l'histoire de la mode féminine.
Une approche féconde
Le structuralisme est ici redécouvert non comme un formalisme asséchant mais comme un programme visant à élaborer des modèles, des constructions mentales tenant lieu de la réalité et permettant d'en révéler les règles opératoires. La fécondité d'une telle approche ne fut nulle part plus éclatante que dans la célèbre "Analyse structurale du récit" (1966). De cette exploration des innombrables récits du monde, ode à "l'inventivité des hommes", Schaeffer souligne que la plupart des hypothèses restent valides au regard des recherches les plus actuelles en psychologie cognitive, étude scientifique des processus mentaux. Peut-être Barthes n'aurait-il pas adhéré à ces développements de la psychologie (comment le savoir ?) ; ses textes des années 1960 n'en constituent pas moins un héritage précieux.
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La Sélection du Monde des livres
La Cause Littéraire Philippe Chauché, 9 octobre 2015
Pour Roland Barthes
Jean-Marie Schaeffer connaît Roland Barthes sur le bout des livres et des lèvres. Il n’ignore rien du structuralisme, de la linguistique, du hasard, de la cybernétique, de la forme et du sens de ce qui se dit et s’écrit, il en a même fait son miel de chercheur.
Sa lettre poursuit le travail de l’auteur de S/Z, elle s’en mêle, sans s’emmêler les théories. L’auteur est un témoin indirect de ce qui n’a cessé de se jouer en ces années luxuriantes où la pensée critique flirtait avec la critique de la pensée, où les textes étaient mis à l’épreuve du doute, et parfois de la rue, où rien n’était figé, où l’intellectuel donnait à ses lecteurs le goût et le désir du romanesque, cette curiosité qui fait voir et écrire.
Lettre à Roland Barthes, témoigne de cette passion du texte et de ses signes, qui conduit à la Préparation du roman.
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Jean-Marie Schaeffer connaît Roland Barthes sur le bout des livres et des lèvres. Il n’ignore rien du structuralisme, de la linguistique, du hasard, de la cybernétique, de la forme et du sens de ce qui se dit et s’écrit, il en a même fait son miel de chercheur.
Sa lettre poursuit le travail de l’auteur de S/Z, elle s’en mêle, sans s’emmêler les théories. L’auteur est un témoin indirect de ce qui n’a cessé de se jouer en ces années luxuriantes où la pensée critique flirtait avec la critique de la pensée, où les textes étaient mis à l’épreuve du doute, et parfois de la rue, où rien n’était figé, où l’intellectuel donnait à ses lecteurs le goût et le désir du romanesque, cette curiosité qui fait voir et écrire.
Lettre à Roland Barthes, témoigne de cette passion du texte et de ses signes, qui conduit à la Préparation du roman.
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Le Salon Littéraire Sarah Vajda, 15 septembre 2015
Comme une ombre portée
Cette Lettre recèle bien des beautés.
Les pages 29 à 56 sont proprement éblouissantes, Schaeffer décrypte comme personne avant lui cette affaire du "langage fasciste "», qui valut à Barthes quelques ennemis supplémentaires. Comme s'il en pleuvait, des vandales tôt surgis pour détruire, atténuer, moquer le chant du pur amour comme ils s'évertuent à souiller – avec quelle joie mauvaise ! – , toute beauté en ce monde sublunaire. Me plaît dans cette Lettre aussi l'effort barthésien de restituer le tremblement d'une vie intellectuelle entre révélations et tâtonnements, éclairs et balbutiements, cette union du sensible et de l'intelligence ensemble.
La Lettre de Jean-Marie Schaeffer isole l'essentiel du legs, la langue comme magie... Je ne vais plus rien dévoiler ici de l'usage que Schaeffer saura faire de l'enfance du texte, de l'enfant scripteur, me contentant de saluer l'effort que constitue cette autobiographie intellectuelle au miroir de Barthes et vous laisser la découvrir.
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Cette Lettre recèle bien des beautés.
Les pages 29 à 56 sont proprement éblouissantes, Schaeffer décrypte comme personne avant lui cette affaire du "langage fasciste "», qui valut à Barthes quelques ennemis supplémentaires. Comme s'il en pleuvait, des vandales tôt surgis pour détruire, atténuer, moquer le chant du pur amour comme ils s'évertuent à souiller – avec quelle joie mauvaise ! – , toute beauté en ce monde sublunaire. Me plaît dans cette Lettre aussi l'effort barthésien de restituer le tremblement d'une vie intellectuelle entre révélations et tâtonnements, éclairs et balbutiements, cette union du sensible et de l'intelligence ensemble.
La Lettre de Jean-Marie Schaeffer isole l'essentiel du legs, la langue comme magie... Je ne vais plus rien dévoiler ici de l'usage que Schaeffer saura faire de l'enfance du texte, de l'enfant scripteur, me contentant de saluer l'effort que constitue cette autobiographie intellectuelle au miroir de Barthes et vous laisser la découvrir.
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