Madeleine de Scudéry
Histoire de deux caméléons suivi de
Description anatomique de Claude Perrault
Édition dirigée par Aude Volpilhac
Ce texte écoféministe, jamais republié depuis le XVIIe siècle, nous plonge en un temps où écrire les sciences naturelles au féminin ne va pas de soi, et où (après Descartes) l’idée même d’affect animal passe pour de la sensiblerie ridicule.
Trois chercheurs nous introduisent, à partir de leur discipline, aux enjeux complexes suscités par la découverte du caméléon en Europe.
Ils rouvrent le dialogue souterrain, mais bien réel, entre Madeleine de Scudéry, la romancière des sentiments, et Claude Perrault, l’anatomiste de Louis XIV. Et ils montrent sa fécondité surprenante, puisque « le cas Méléon » permet d’éclairer les débats actuels autour du féminisme et du droit des animaux.
Une source oubliée de l’éthologie moderne, où s’invente la poétique des biographies animales, et où l’on découvre que l’esthétique galante de l’âge classique rend lisibles les sentiments des bêtes, au moment même où ils sont invisibilisés par le nouveau paradigme cartésien.
Trois chercheurs nous introduisent, à partir de leur discipline, aux enjeux complexes suscités par la découverte du caméléon en Europe.
Ils rouvrent le dialogue souterrain, mais bien réel, entre Madeleine de Scudéry, la romancière des sentiments, et Claude Perrault, l’anatomiste de Louis XIV. Et ils montrent sa fécondité surprenante, puisque « le cas Méléon » permet d’éclairer les débats actuels autour du féminisme et du droit des animaux.
Une source oubliée de l’éthologie moderne, où s’invente la poétique des biographies animales, et où l’on découvre que l’esthétique galante de l’âge classique rend lisibles les sentiments des bêtes, au moment même où ils sont invisibilisés par le nouveau paradigme cartésien.
On en parle
« Les penseurs du Grand Siècle sont décidément nos contemporains » - Etudes
|
Forum des lecteursVous souhaitez réagir à cet ouvrage ou interpeller l'auteur : rendez-vous sur le forum des lecteurs
|
Partager
Imprimer
Essai
18,50 €, 192 p.
ISBN : 978-2-36280-284-3
Format : 140/205 mm
Parution : 19 mai 2022
Disponible en Ebook (13,99 €)
ISBN : 978-2-36280-284-3
Format : 140/205 mm
Parution : 19 mai 2022
Disponible en Ebook (13,99 €)
Où l'acheter
> en librairie près de chez vous
> sur Place des Libraires
> sur Fnac, Amazon...
> sur la page acheter nos livres
> sur Place des Libraires
> sur Fnac, Amazon...
> sur la page acheter nos livres
Du même auteur
D.Goy-Blanquet, M.-A. Paveau, A. Volpilhac
Voyage en sérendipité |
D'autres essais
Belinda Cannone & Christian Doumet (sld)
Dictionnaire des mots manquants |
Les auteurs
Édition établie, annotée et préfacée par Aude Volpilhac
avec les contributions de Anthony Herrel et Thierry Hoquet
avec les contributions de Anthony Herrel et Thierry Hoquet
Aude Volpilhac est enseignante-chercheuse à l’Université (UCLy). Elle travaille au croisement de la littérature et de l'écologie, sur la question du vivant et des humanités environnementales dans la littérature française du XVIIe siècle
Anthony Herrel est directeur de recherche au CNRS, rattaché au Muséum national d'histoire naturelle à Paris, spécialiste de l'évolution de la relation forme et fonction chez les vertébrés.
Thierry Hoquet est professeur des universités (Paris Nanterre), spécialiste de philosophie des sciences naturelles.
Thierry Hoquet est professeur des universités (Paris Nanterre), spécialiste de philosophie des sciences naturelles.
Histoire de deux caméléons
Madeleine de Scudéry (1607-1701) est une femme de lettres célèbre. « La vie de Mademoiselle de Scudéry, son salon et son oeuvre participèrent à ce que l’on nomme la "querelle des femmes" qui courait depuis la Renaissance. Au sein de cette controverse, des voix s’élevèrent pour établir de manière polémique et paradoxale, dans une société dominée par les hommes, la possibilité pour les femmes d’être des actrices légitimes du savoir. L’Histoire de deux caméléons, que nous republions ici, en est un exemple paradigmatique » (Préface p.9).
Description anatomique d'un caméléon
Claude Perrault (1613-1688), frère de l'écrivain Charles Perrault, est architecte, médecin et anatomiste. Il est l'un des premiers membres de l'Académie Royale des sciences et dirige une équipe de scientifiques qui publie Mémoires pour servir à l’Histoire naturelle des Animaux (1671), comportant la Description anatomique d’un caméléon, d’un castor, d’un dromadaire, d’un ours et d’une gazelle (1669) dont nous publions ici la partie concernant les caméléons.
Le livre
L’Histoire de deux caméléons (1688) fut longtemps considérée comme un texte mineur de la fameuse romancière Madeleine de Scudéry, figure de proue de la littérature galante du XVIIe siècle. Elle y consigne ses observations d’un couple de caméléons reçu en cadeau, tout en mettant l’accent sur la sympathie – sinon l’amitié – qu’elle finit par éprouver pour le mâle, après la mort accidentelle de la femelle.
Les caméléons font partie à l’époque des mirabilia qui suscitent la curiosité des naturalistes mais aussi des gens du monde, tandis qu’une légende tenace, pourtant déjà largement entamée par les naturalistes, soutient qu’il ne se nourrit que d’air. Claude Perrault, dirigeant une équipe de scientifiques de la récente Académie Royale des sciences, vient de lui porter le coup de grâce avec un Mémoire (1669) qui fit d’emblée autorité en la matière : prenant appui sur un examen collectif, objectif et expérimental d’un caméléon, il pose les jalons d’une méthode qui allait prendre le nom de « révolution scientifique ».
Contrairement aux apparences, on est loin du cliché qui opposerait savoir académique masculin et sensibilité féminine, car le personnage de « femme savante » qu’invente ici Mademoiselle de Scudéry établit une connaissance spécifique sur le comportement des caméléons, tout en affirmant sa compétence dans son domaine propre, celui du sentiment. Son texte, publié après celui de Perrault, dialogue donc avec ce dernier ; toutefois, elle reste à sa marge car, en tant que femme, elle ne peut, conformément aux usages de l’époque, se présenter comme son égal en zoologie, domaine du savoir réservé aux hommes. Pourtant, elle n’en invente pas moins une autre manière d’explorer la piste animale qui repose sur une véritable rencontre entre individus d’espèces différentes, et qui s’oppose donc de manière polémique au paradigme cartésien de l’animal-machine, en passe de s’imposer à la fin du siècle, et dont Perrault devient le représentant.
Publier ces deux textes en regard, tout en mettant en lumière deux manières d’aborder l’animal au XVIIe siècle, permet de déjouer le lieu commun d’un Grand Siècle hostile au vivant et de faire entendre des voix dissonantes, qui furent rapidement minorisées, mais dont on redécouvre aujourd’hui toute la portée. Relire le texte de Mademoiselle de Scudéry à l’aune des travaux de V. Despret, D. Harraway et I. Stengers révèle la modernité de son point de vue sur les individualités animales et sur les relations interspécifiques ; le confronter à celui de Perrault permet de réfléchir aux enjeux de l’écriture de l’histoire des sciences qui s’est élaborée notamment sur la disqualification de la sensibilité et de la subjectivité, particulièrement en matière d’expertise animale.
Posant ici les jalons de l’éthologie moderne, Mademoiselle de Scudéry propose une des premières « biographies animales » de langue française et en invente la poétique, dans la mesure où le filtre de la galanterie rend lisible ce qui est en passe d’être invisibilisé par le nouveau paradigme cartésien : les sentiments des bêtes.
Les caméléons font partie à l’époque des mirabilia qui suscitent la curiosité des naturalistes mais aussi des gens du monde, tandis qu’une légende tenace, pourtant déjà largement entamée par les naturalistes, soutient qu’il ne se nourrit que d’air. Claude Perrault, dirigeant une équipe de scientifiques de la récente Académie Royale des sciences, vient de lui porter le coup de grâce avec un Mémoire (1669) qui fit d’emblée autorité en la matière : prenant appui sur un examen collectif, objectif et expérimental d’un caméléon, il pose les jalons d’une méthode qui allait prendre le nom de « révolution scientifique ».
Contrairement aux apparences, on est loin du cliché qui opposerait savoir académique masculin et sensibilité féminine, car le personnage de « femme savante » qu’invente ici Mademoiselle de Scudéry établit une connaissance spécifique sur le comportement des caméléons, tout en affirmant sa compétence dans son domaine propre, celui du sentiment. Son texte, publié après celui de Perrault, dialogue donc avec ce dernier ; toutefois, elle reste à sa marge car, en tant que femme, elle ne peut, conformément aux usages de l’époque, se présenter comme son égal en zoologie, domaine du savoir réservé aux hommes. Pourtant, elle n’en invente pas moins une autre manière d’explorer la piste animale qui repose sur une véritable rencontre entre individus d’espèces différentes, et qui s’oppose donc de manière polémique au paradigme cartésien de l’animal-machine, en passe de s’imposer à la fin du siècle, et dont Perrault devient le représentant.
Publier ces deux textes en regard, tout en mettant en lumière deux manières d’aborder l’animal au XVIIe siècle, permet de déjouer le lieu commun d’un Grand Siècle hostile au vivant et de faire entendre des voix dissonantes, qui furent rapidement minorisées, mais dont on redécouvre aujourd’hui toute la portée. Relire le texte de Mademoiselle de Scudéry à l’aune des travaux de V. Despret, D. Harraway et I. Stengers révèle la modernité de son point de vue sur les individualités animales et sur les relations interspécifiques ; le confronter à celui de Perrault permet de réfléchir aux enjeux de l’écriture de l’histoire des sciences qui s’est élaborée notamment sur la disqualification de la sensibilité et de la subjectivité, particulièrement en matière d’expertise animale.
Posant ici les jalons de l’éthologie moderne, Mademoiselle de Scudéry propose une des premières « biographies animales » de langue française et en invente la poétique, dans la mesure où le filtre de la galanterie rend lisible ce qui est en passe d’être invisibilisé par le nouveau paradigme cartésien : les sentiments des bêtes.