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Roman
14,90 €, 136 p.
ISBN : 978-2-36280-036-8
Format : 140/205 mm
Parution : 24 mai 2013
Disponible en Ebook (9,99 €)
ISBN : 978-2-36280-036-8
Format : 140/205 mm
Parution : 24 mai 2013
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La Licorne Anne Coudreuse, mai 2015, N°115
« La représentation du bonheur au XVIIIe siècle dans L'Art de nuire de Pierre Houdion »
Paru dans Le bonheur au XVIIIe siècle, Guilhem Farrugia et Michel Delon (dir.), PUR, La Licorne, 115, p. 87-104.
Quand les intérêts diffèrent, le « bonheur » ne peut plus se partager, ce qui prouve qu’il n’est pas, dans cette société hiérarchisée et réglée, une valeur en soi, immuable et universelle, que l’on pourrait partager dans tous les états sociaux et sur laquelle tous pourraient s’entendre. Tout l’art de ce roman est de le suggérer, sans jamais s’appesantir en discours théoriques ou en développements historiques plaqués sur les événements. Il ne s’agit en rien d’un roman à thèse, et tout l’art du romancier consiste dans ce travail des voix narratives et de l’ironie qui permet de savoureuses évaluations et réévaluations, ou dévaluations au fil du récit.
Le deuxième phénomène marquant dans la représentation du bonheur au sein de ce roman est la défense d’un bonheur de l’amour en dépit des conventions sociales et des intérêts des familles, dont on a vu tout le poids dans les analyses qui précèdent. Quand l’héroïne et le héros s’aperçoivent de leurs sentiments réciproques, les phrases s’enchaînent dans une sorte de tourbillon émerveillé qui vise à écarter tous les obstacles de la société à cet amour partagé et sincère
Il faut dire un mot enfin du bonheur de la lecture, qui concerne aussi bien les personnages, que le lecteur lui-même, pour qui il est lié alors à des bonheurs d’écriture dans ce roman au style particulièrement soigné et efficace qui manifeste un goût certain pour la langue du XVIIIe siècle et une capacité admirable à en retrouver quelques inflexions.
La dimension romanesque de cette intrigue sentimentale est soulignée par la syntaxe en polysyndète et par l’accumulation de subordonnées qui, si elles alourdissent un peu la phrase, produisent également toutes les circonstances d’un bon roman et d’une bonne intrigue, touffues, embrouillées, avec des caractères bien définis et opposés: de l’amour, de l’argent, une jeune fille et un jeune homme amoureux contre la famille qui s’oppose à cet amour... Tous les éléments sont réunis pour produire un roman sentimental comme ceux qui connaissent une si grande vogue dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, en particulier auprès du public féminin. L’auteur de L’Art de nuire fait de cette façon signe malicieusement vers ce que son roman aurait pu être, s’il avait exploité cette veine, alors qu’il a choisi au contraire une forme de sécheresse et d’épure stylistique plus conforme à une vision du monde marquée par le pessimisme des moralistes, et un refus des illusions sur une supposée bonté naturelle de l’homme.
Le roman de Pierre Houdion se donne donc à lire comme une intéressante réflexion sur les formes et les dangers du bonheur dans la société hiérarchisée et codée du XVIIIe siècle, pleine de contraintes et de contradictions. De nouvelles valeurs s’affirment et se cherchent, entrent en concurrence avec l’ordre ancien, ce qui produit un monde difficile à évaluer, aux infinies nuances de gris, même si la caractérisation de certains personnages apparaît bien tranchée. Faisant son miel de la lecture des historiens qui se sont intéressés à la vie privée et à son développement comme valeur nouvelle dans la société du XVIIIe siècle, l’auteur la met en scène de façon nuancée et précise et en montre l’importance dans la conception inédite du bonheur qui s’affirme alors. Pour autant son roman ne se laisse pas rattraper par le sentimentalisme en vogue dans ceux du XVIIIe siècle et propose un regard sans illusions sur cette société, marqué par la lecture des moralistes du Grand Siècle, et en particulier de La Rochefoucauld, qui a inspiré cette maxime bien pessimiste à Jules Renard dans son Journal : « Il ne suffit pas d’être heureux ; il faut encore que les autres ne le soient pas. »
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Paru dans Le bonheur au XVIIIe siècle, Guilhem Farrugia et Michel Delon (dir.), PUR, La Licorne, 115, p. 87-104.
Quand les intérêts diffèrent, le « bonheur » ne peut plus se partager, ce qui prouve qu’il n’est pas, dans cette société hiérarchisée et réglée, une valeur en soi, immuable et universelle, que l’on pourrait partager dans tous les états sociaux et sur laquelle tous pourraient s’entendre. Tout l’art de ce roman est de le suggérer, sans jamais s’appesantir en discours théoriques ou en développements historiques plaqués sur les événements. Il ne s’agit en rien d’un roman à thèse, et tout l’art du romancier consiste dans ce travail des voix narratives et de l’ironie qui permet de savoureuses évaluations et réévaluations, ou dévaluations au fil du récit.
Le deuxième phénomène marquant dans la représentation du bonheur au sein de ce roman est la défense d’un bonheur de l’amour en dépit des conventions sociales et des intérêts des familles, dont on a vu tout le poids dans les analyses qui précèdent. Quand l’héroïne et le héros s’aperçoivent de leurs sentiments réciproques, les phrases s’enchaînent dans une sorte de tourbillon émerveillé qui vise à écarter tous les obstacles de la société à cet amour partagé et sincère
Il faut dire un mot enfin du bonheur de la lecture, qui concerne aussi bien les personnages, que le lecteur lui-même, pour qui il est lié alors à des bonheurs d’écriture dans ce roman au style particulièrement soigné et efficace qui manifeste un goût certain pour la langue du XVIIIe siècle et une capacité admirable à en retrouver quelques inflexions.
La dimension romanesque de cette intrigue sentimentale est soulignée par la syntaxe en polysyndète et par l’accumulation de subordonnées qui, si elles alourdissent un peu la phrase, produisent également toutes les circonstances d’un bon roman et d’une bonne intrigue, touffues, embrouillées, avec des caractères bien définis et opposés: de l’amour, de l’argent, une jeune fille et un jeune homme amoureux contre la famille qui s’oppose à cet amour... Tous les éléments sont réunis pour produire un roman sentimental comme ceux qui connaissent une si grande vogue dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, en particulier auprès du public féminin. L’auteur de L’Art de nuire fait de cette façon signe malicieusement vers ce que son roman aurait pu être, s’il avait exploité cette veine, alors qu’il a choisi au contraire une forme de sécheresse et d’épure stylistique plus conforme à une vision du monde marquée par le pessimisme des moralistes, et un refus des illusions sur une supposée bonté naturelle de l’homme.
Le roman de Pierre Houdion se donne donc à lire comme une intéressante réflexion sur les formes et les dangers du bonheur dans la société hiérarchisée et codée du XVIIIe siècle, pleine de contraintes et de contradictions. De nouvelles valeurs s’affirment et se cherchent, entrent en concurrence avec l’ordre ancien, ce qui produit un monde difficile à évaluer, aux infinies nuances de gris, même si la caractérisation de certains personnages apparaît bien tranchée. Faisant son miel de la lecture des historiens qui se sont intéressés à la vie privée et à son développement comme valeur nouvelle dans la société du XVIIIe siècle, l’auteur la met en scène de façon nuancée et précise et en montre l’importance dans la conception inédite du bonheur qui s’affirme alors. Pour autant son roman ne se laisse pas rattraper par le sentimentalisme en vogue dans ceux du XVIIIe siècle et propose un regard sans illusions sur cette société, marqué par la lecture des moralistes du Grand Siècle, et en particulier de La Rochefoucauld, qui a inspiré cette maxime bien pessimiste à Jules Renard dans son Journal : « Il ne suffit pas d’être heureux ; il faut encore que les autres ne le soient pas. »
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France Bleu Vaucluse Béatrice Blanchet, 9 janvier 2014
Huffington Post Jeannine Hayat, 17 juillet 2013
Le mariage d'amour: une invention très actuelle
Quand l'idée de se marier par amour s'est-elle imposée? Pierre Houdion, spécialiste du XVIIIe siècle, situe la naissance de cette nouvelle idée du bonheur sous le règne de Louis XV. Or, les romanciers du XVIIIe siècle ont peu traité ce thème même s'ils l'ont effleuré. Quoique Choderlos de Laclos ait exploré le libertinage amoureux dans Les liaisons dangereuses et que Diderot ait défendu la liberté pour la femme de choisir son destin dans La religieuse, aucun des deux romanciers n'a directement évoqué le cas d'alliances fondées sur les sentiments, faute d'avoir le recul nécessaire sur cet usage récent.
Pierre Houdion comble cette lacune dans un roman récemment publié, intitulé L'art de nuire. Ce roman contemporain pourrait aisément être confondu avec un roman du XVIIIe siècle. L'auteur, habitué des archives, s'est efforcé d'écrire son texte dans un style chantourné, qui ressuscite le siècle des Lumières.
Le récit, situé vers la fin du règne de Louis XV, débute quelques mois avant 1769 et s'achève dix ans plus tard. L'héroïne est un personnage historiquement attesté, qui a appartenu à la noble famille des Carvoisin, citée par le duc de Saint-Simon dans ses Mémoires. Et les lettres autour desquelles Pierre Houdion a bâti son intrigue sont authentiques.[...]
L'art de nuire nous rappelle à quel point l'usage de se marier par amour est récent.
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Quand l'idée de se marier par amour s'est-elle imposée? Pierre Houdion, spécialiste du XVIIIe siècle, situe la naissance de cette nouvelle idée du bonheur sous le règne de Louis XV. Or, les romanciers du XVIIIe siècle ont peu traité ce thème même s'ils l'ont effleuré. Quoique Choderlos de Laclos ait exploré le libertinage amoureux dans Les liaisons dangereuses et que Diderot ait défendu la liberté pour la femme de choisir son destin dans La religieuse, aucun des deux romanciers n'a directement évoqué le cas d'alliances fondées sur les sentiments, faute d'avoir le recul nécessaire sur cet usage récent.
Pierre Houdion comble cette lacune dans un roman récemment publié, intitulé L'art de nuire. Ce roman contemporain pourrait aisément être confondu avec un roman du XVIIIe siècle. L'auteur, habitué des archives, s'est efforcé d'écrire son texte dans un style chantourné, qui ressuscite le siècle des Lumières.
Le récit, situé vers la fin du règne de Louis XV, débute quelques mois avant 1769 et s'achève dix ans plus tard. L'héroïne est un personnage historiquement attesté, qui a appartenu à la noble famille des Carvoisin, citée par le duc de Saint-Simon dans ses Mémoires. Et les lettres autour desquelles Pierre Houdion a bâti son intrigue sont authentiques.[...]
L'art de nuire nous rappelle à quel point l'usage de se marier par amour est récent.
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Notes Bibliographiques
Placé sous les auspices de Beaumarchais et de Laclos, écrit dans un français joliment choisi, joliment classique, ce premier roman dépeint le monde étriqué des nobles désargentés, souvent proches de la cour de Louis XV. Pierre Houdion, spécialiste du XVIIIe siècle, utilise des lettres tirées des archives privées de la Maison de France, pour conter l'histoire vraie d'une jeune fille qui ose braver l'interdit. Isolée ou presque parmi des personnages qui se débattent dans une société aussi impitoyable que son apparence est policée, où la calomnie est endémique, l'héoïne est convaincante dans sa détermination et son audace. Le tempo est rapide et le ton sarcastique. Une lecture captivante.
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idFM Radio Laurence Ducournau, 20 juillet 2013
Entretien avec Pierre Houdion autour de L'Art de nuire, dans l'émission : Les Mots, Des Livres !
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Parutions.com Gilles Ferragu, 28 juin 2013
La délicieuse Mlle de Carvoisin sort enfin du couvent, orpheline bien dotée par la nature en grâce et en esprit, mais hélas moins nantie par ses parents. Selon le droit de l’époque, elle est désormais sous la tutelle de Mr et Mme d’Achy. Une tutelle éprouvante toutefois, tant Mme d’Achy, naguère jolie mais désormais «sur le retour», ne peut que jalouser cette belle apparition, et fomenter quelques complots pour l’envoyer définitivement sur une voie de garage (en terme conjugal s’entend). Il s’agit bien d’un crime, non pas sanglant, mais social… Mais la victime se défend, refuse le destin qui lui est échu. Et la belle Carvoisin, dont le charme est très apprécié, a un atout inattendu, l’amitié d’une jeune fille, Mlle de Penthièvre, descendante du roi (par la main gauche) et destinée à un grand mariage. Une protectrice donc, et puissante s’il en est. Avec de tels soutiens, Mlle de Carvoisin saura-t-elle se garantir des plans de Mme d’Achy ? Fera-t-elle dignement son entrée dans le monde ? Et surtout, épousera-t-elle le délicieux marquis de Bombelles ?
Il est délicieux, ce petit roman, délicieux par son style, délicieux par cette manière subtile d’entraîner le lecteur au cœur du XVIIIe siècle parisien, délicieux en ce qu’il ressuscite un ton et une manière d’écrire qui n’ont hélas plus guère cours. [...]
Le charme de l’ouvrage ne réside pas seulement dans ce style joliment désuet, qui semble d’époque : il appartient également à l’intrigue qui, dans sa simplicité et sa profondeur psychologique, n’est pas sans rappeler le classique de Choderlos de Laclos : Les Liaisons dangereuses. [...]
On ne peut que recommander cette lecture aux amateurs de l’époque moderne, à tous ceux qui ont rêvé de séduire la présidente de Tourvel : un petit bijou littéraire, serti de préciosité, et un auteur qu’il faut désormais guetter.
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Il est délicieux, ce petit roman, délicieux par son style, délicieux par cette manière subtile d’entraîner le lecteur au cœur du XVIIIe siècle parisien, délicieux en ce qu’il ressuscite un ton et une manière d’écrire qui n’ont hélas plus guère cours. [...]
Le charme de l’ouvrage ne réside pas seulement dans ce style joliment désuet, qui semble d’époque : il appartient également à l’intrigue qui, dans sa simplicité et sa profondeur psychologique, n’est pas sans rappeler le classique de Choderlos de Laclos : Les Liaisons dangereuses. [...]
On ne peut que recommander cette lecture aux amateurs de l’époque moderne, à tous ceux qui ont rêvé de séduire la présidente de Tourvel : un petit bijou littéraire, serti de préciosité, et un auteur qu’il faut désormais guetter.
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